English version
Le Haut-Barr

On ne peut passer à Saverne sans voir le Haut-Barr qui domine toute la ville. Lieu d'excursion privilégié des Savernois, c'est le plus imposant des sept châteaux-forts médiévaux en ruines qui entourent la ville de Saverne. Installé depuis le XIIe siècle sur une barre rocheuse de grès rose, le Haut-Barr a été construit par l'évèque Rodolphe de Strasbourg. Voici à quoi il ressemblait au XVIe siècle (d'après une gravure de Mérian).

Le Haut-Barr d'après Merian

Plus tard, le château passa aux mains de l'évèque St-Jean, comte de Manderscheid, lequel institua la Confrérie de la Corne. Y étaient admis ceux qui pouvaient boire d'un seul coup tout le contenu d'une gigantesque corne d'auroch surnommée "Willkomm" (Bienvenue). En 1634 on y but le "Widerkomm" (le retour) pour fêter le rattachement du Haut-Barr à la France. Cette corne fut conservée à Saverne jusqu'à la Révolution, époque pour le moins troublée, au cours de laquelle elle disparu.

Voici une représentation sur le mode humoristique de cette corne et de la confrérie.

La confrérie de la Corne

En 1650, les Français détruisirent les fortifications du Haut-Barr et le rendirent à l'évèque de Strasbourg. En 1743, le gouvernement français fit fortifier à nouveau le château. Celui-ci passa en diverses mains de 1796 à 1878, date à laquelle il devint propriété de l'état. La ville de Saverne prit le Haut-Barr en location en 1901, pour 99 ans, et y fit construire le restaurant actuel, ancienne maison du garde forestier. La ville est aujourd'hui propriétaire des ruines.

Le Haut-Barr est construit sur une barre rocheuse, composée de trois rochers consécutifs. Deux d'entre-eux sont reliés par un pont surnommé "le Pont du Diable". On se rend mieux compte de la justesse de cette appellation lorsqu'on se trouve sur le pont et que l'on jette un coup d'oeil en bas.

Le Pont du Diable

Mais ce nom de "Pont du Diable" a une autre origine. La voici.

Le premier pont unissant les deux rochers fut construit lorsque l'évèque de Strasbourg acheta le troisième rocher à l'abbaye de Marmoutier vers 1171. Lors de sa construction, au moment où les ouvriers allaient mettre la dernière main à l'ouvrage, celui-ci s'effondra. Une deuxième, puis une troisième tentative de construction connurent le même sort. Les ouvriers commençaient à désespérer.

C'est alors que se présenta un tailleur de pierres qui assura pouvoir bâtir le pont tout seul, en une nuit. Tout d'abord l'on se gaussa, mais devant son insistance l'évèque lui laissa tenter sa chance. Mais quel salaire demanderait-il ? Le tailleur de pierre se dévoila alors : il n'était autre que le diable et demandait pour prix de son ouvrage l'âme du premier être vivant qui traverserait le pont. "Affaire conclue !", décida l'évèque.

Le lendemain, le pont était bâti et le diable attendait son salaire. Mais l'évèque avait bien préparé son coup. Ses hommes avaient capturé un chien errant et ils lui firent traverser avant quiconque le nouveau pont. Le diable en fut pour ses frais. De colère, il frappa si durement le rocher de ses pattes de bouc qu'il y laissa ses empreintes. Mais le marché avait été respecté des deux côtés.

Longeons à présent les murailles pour nous approcher de l'entrée que l'on distingue au fond.

Les murailles

À suivre...


© Thierry Heitmann - 1998